NOËL 2009.
Abbé Jean Compazieu | 19 décembre 2009Lectures bibliques : Lire
Cet évangile de Noël, nous le connaissons bien car nous l’entendons chaque année. Il ne faut surtout pas le recevoir simplement comme une belle histoire qu’on se plaît de raconter aux petits enfants. Dans ce récit, il y a en effet un message de la plus haute importance, une bonne nouvelle pour le monde entier. A travers ce petit enfant, c’est le Dieu transcendant qui se fait tout proche de nous. Il se fait tout petit dans les bras d’une maman ou couché dans une mangeoire. Il est “Emmanuel” ce qui veut dire “Dieu avec nous”.
Les premiers qui ont entendu cette bonne nouvelle, ce sont les bergers. Ils passaient la nuit dans les champs à garder leurs troupeaux. C’étaient des pauvres gens qui vivaient comme ils pouvaient avec de petits moyens. Et surtout, ils vivaient en marge de la société. Ils ne participaient pas au culte. Aux yeux des grands de ce monde, ils ne comptaient pas. Or voici que l’ange du Seigneur vient leur annoncer cette bonne nouvelle : “Aujourd’hui, vous est né un Sauveur ; il est le Messie, le Seigneur… vous trouverez un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire.” Dès le départ, l’évangile c’est la bonne nouvelle annoncée aux petits, aux pauvres et aux exclus.
Cette bonne nouvelle retentit aujourd’hui dans toutes les églises du monde entier : “Aujourd’hui, vous est né un Sauveur.” Malheureusement, ils sont de plus en plus nombreux ceux et celles qui ignorent l’origine de cette fête. On pense à tout, au sapin, au réveillon, aux guirlandes, mais on oublie l’essentiel. Nous chrétiens, nous savons que Noël c’est tout autre chose : L’important c’est de revenir au cœur de la foi et de retrouver Dieu qui se fait l’un de nous pour que nous soyons avec lui. C’est de cela que nous avons à témoigner dans le monde d’aujourd’hui.
Avec les bergers, nous sommes tous invités à nous rendre à la crèche. C’est là que notre Sauveur nous attend. Nous venons nous imprégner de la présence de Celui qui veut naître en nos cœurs. Nous accueillons cette lumière qui est en lui pour qu’elle transforme notre vie. Puis nous sommes envoyés pour la communiquer à tous ceux et celles que nous rencontrerons sur notre route. Cette présence et cet amour de Dieu c’est comme un trésor qu’il nous faut accueillir et partager. Nous ne devons jamais oublier que Noël c’est Jésus qui continue à venir pour nous et pour le monde entier.
La priorité de Noël c’est les pauvres. Comme autrefois, la bonne nouvelle de Noël doit être annoncée à tous les pauvres d’aujourd’hui. Ils sont de plus en plus nombreux ceux et celles qui vivent dans la misère : ils n’ont plus de quoi se nourrir, se vêtir ou se chauffer. Beaucoup se retrouvent à la rue. D’autres vivent dans des pays en guerre. L’évangile nous dit aujourd’hui qu’il est impossible de fêter Noël sans eux. Si nous voulons rencontrer le Christ, c’est vers eux qu’il nous faut aller. Il est présent dans celui qui a faim et froid, celui qui est malade et seul, celui qui est prisonnier, celui qui a perdu ou oublié sa dignité humaine. Vivre Noël, c’est accueillir le Christ dans la personne du pauvre et lui donner la place d’honneur.
Le Messie de Dieu, l’envoyé de Dieu continue à venir dans ce monde détraqué, abîmé par les guerres, l’égoïsme et l’indifférence des hommes. Avec lui c’est la lumière qui jaillit, c’est l’espérance qui grandit au milieu de nos grisailles. Il est heureux que des hommes, des femmes et des enfants, croyants ou non, se mobilisent pour partager, pour apporter un peu de joie et d’amitié à ceux et celles qui vivent dans la souffrance physique et morale. Si nous voulons que la venue du Sauveur soit une bonne nouvelle pour les pauvres, il faut que cela se voie dans notre vie.
Noël, c’est Jésus qui vient et qui nous invite à travailler ensemble à la construction d’un monde plus juste et plus fraternel, un monde solidaire, un monde d’amour. L’important ce n’est pas d’abord de changer les structures, même si elles en ont bien besoin. Ce qui est premier c’est de changer nos cœurs, c’est de regarder ce monde avec le regard de Dieu qui est plein d’amour. Si nous avons bien compris cela, beaucoup de choses changeront.
“Chez les pauvres, Seigneur, tu établis ta demeure. Tu as choisi de venir chez ceux qui manquent de tout. Si plus rien ne compte, Seigneur, ni titre, ni office, ni distinctions ni relations, alors j’ai mes chances moi aussi. Viens, Seigneur, viens nous sauver.”
D’après diverses sources.
Noël ! Après une nuit qui a connu bien des festivités, des illuminations, des réjouissances familiales et autres, certaines à déplorer quand elles plongent dans la drogue et les débauches, ce sont présentées, comme chaque année, des célébrations chrétiennes au cours desquelles est rappelée la naissance d’un Sauveur du monde, le Christ Jésus.
Maintenant , le jour … le Jour de Noël ! Chance pour notre petite assemblée ! Une visite exceptionnelle bientôt parmi nous ! Plus importante que celle du Président de la République ou même du Pape Benoît XVI ! Vous le devinez, celle, notifiée déjà au cours de la nuit : la venue de Jésus Christ ! Avec lui, c’est Dieu même qui vient parmi nous, Fils de Dieu se faisant homme pour se mettre à notre niveau humain, se faire comprendre, nous apporter la Bonne Nouvelle d’une Libération !
Espéré par le peuple juif depuis pas mal de siècles, des prophètes avaient annoncé ce libérateur, ce Messie, dont Noël rappelle la venue depuis plus de 2000 ans en notre monde. Les chefs des prêtres, les anciens et même ses disciples, attendaient de lui une puissance souveraine qui allait chasser l’occupant romain, donner une gloire manifeste à tous ceux et celles qui le prendraient comme roi.
Sa venue ? Éclairante pour une humanité divisée, désunie, sans repères précis de vérité et de paix. Né d’une jeune fille juive, la Vierge Marie, unie à son époux Joseph, elle lui donne naissance en obéissant à des lois humaines de recensement les déplaçant de Nazareth à Bethléem, une centaine de km, sans TGV ! Arrivés ? crise de logement ! Obligés de se réfugier dans une étable où l’enfant né aura comme berceau une mangeoire d’animaux. De pauvres bergers gardant leurs troupeaux seront les premiers visiteurs de l’Enfant Dieu. Retentira, c’est vrai, le chant des anges avisant les bergers. Mais quelle pauvreté, quelle humilité, quelle condition pouvant paraître d’autant plus déshonorante que la petite famille devra presque aussitôt immigrer en Egypte pour échapper à Hérode, roi-dictateur voulant tuer un possible opposant. Tout cela est pourtant acceptation divine !
Nous réjouir ? « Eclatez en cris de joie » comme l’annonce Isaïe ? (1ère lecture) Le prophète, avec le Messie signale « une annonce de paix », une « bonne nouvelle … aux yeux de toutes les nations … elles verront le salut de notre Dieu ». Divine espérance !
Le texte des Hébreux (2ème lecture) précise que « dans les derniers temps » (ceux où nous sommes) son Fils, « expression parfaite de tout son être », « après avoir accompli la purification des péchés », a rejoint dans la gloire Dieu dans sa « Majesté divine ». Nous ne pouvons omettre qu’il a quitté corporellement notre terre en mourant sur une croix comme un criminel, mais que Dieu l’a ressuscité, vivant pour l’éternité.
Le voilà le Sauveur du monde, le libérateur qui arrive pour arracher l’humanité entière à l’emprise démoniaque, et après avoir ôté les péchés, vient ouvrir les cœurs humains à la vérité de l’amour, seule réalité pour procurer la joie, le bonheur, dont il est source et dont la plénitude s’effectuera au Royaume des cieux.
Oui Jésus est là ! présent dans notre assemblée ! Dans son Eglise il a voulu se manifester tout spécialement dans l’Eucharistie, comme pain de vie, pain d’amour pour nous nourrir. Avec sa présence nous bénéficions de l’Esprit d’amour. Aller à la messe ? Joie de quelle rencontre !
Dans le commencement de son Evangile St Jean rappelle qu’il est le Verbe, Parole de Dieu, « vraie lumière qui éclaire tous les hommes ». Par Lui s’éclaire le sens de notre vie. Par Lui, avec lui nous pouvons bâtir un monde meilleur et, enfants de Dieu, acquérir au-delà de la mort résurrection et vie éternelle. Grâce à Lui Dieu est connu comme l’Amour éternel qui donne possibilité et devoir de nous aimer les uns les autres, chaque jour, comme il nous a aimés.
« La terre entière a vu le Sauveur que Dieu nous donne ». « Acclamez le Seigneur, terre entière, acclamez votre roi, le Seigneur ». Noël ! Chantons ce refrain d’un cantique bien connu : « C’est Noël sur la terre chaque jour, car Noël, ô mon frère, c’est l’Amour » !
Ci-dessous une petite prière à quelques pas de la fête de Noël :
Voici les hommes venus d’Orient,
Menés par ton étoile, au long de grands chemins….
Ils sont partis en laissant tout,
Pour mettre leurs trésors aux pieds de l’Enfant-Dieu.
Moi aussi, Seigneur à ma façon,
j’ai cheminé au long de l’Avent.
J’ai écouté le message de Noël avec les bergers,
je me suis prosterné devant Jésus avec les Mages,
mais la route n’est pas finie.
Je veux continuer à marcher vers toi.
Chaque jour de cette année nouvelle;
Chaque jour de ma vie.
Aide-moi, Seigneur, et guide-moi
Bien à vous, bonne et sainte fête de Noël,
fraternellement en Christ
André
* Fête de Noël * 25 décembre 2009 *
Savez-vous que saint Pierre, saint Jean, saint Paul et les premières générations chrétiennes n’ont jamais fêté Noël ? Leur unique fête était la Pâque hebdomadaire: le lendemain du shabbat, ils célébraient Jésus “ressuscité le 1er jour de la semaine”. En ce “JOUR DU SEIGNEUR” – en latin “domenica dies”…qui a donné le français DIMANCHE – , ils se réunissaient dans la joie et partageaient dans l’allégresse le REPAS DU SEIGNEUR. Ainsi de semaine en semaine, l’Eglise se constituait, croissait, se consolidait par le mystère pascal.
La naissance de Jésus dans le Pain faisait re-naître l’Eglise dans l’histoire.
Au milieu du 2ème siècle, les Eglises décidèrent de célébrer l’anniversaire annuel de la Résurrection à la première lune du printemps. On y joignit ensuite les 7 semaines jusque la Pentecôte, don de l’Esprit. “La cinquantaine” devint LE GRAND DIMANCHE. L’année avait trouvé son sommet, son centre, son axe.
Et c’est seulement au 4ème siècle que l’on commença à fêter la naissance de Jésus le 25 décembre. Non parce que l’on avait retrouvé la date exacte (oubliée depuis longtemps) mais parce que, en ces jours, éclataient les grandes festivités populaires à la gloire du soleil (“sol invictus”). Voyant les jours s’allonger, la foule extasiée agitait des couronnes de gui, dansait près du sapin toujours vert; on allumait des feux, on s’offrait des cadeaux, on trinquait à tire-larigot. Bonheur: le monde allait sortir du froid et de la nuit pour retrouver la Lumière, la chaleur, la Vie !
La fête de l’avènement du Christ, le 25 décembre, fut un essai de christianiser cette grande festivité païenne. Car s’il était heureux d’entrevoir le printemps et de recommencer un nouveau cycle annuel, les questions fondamentales de l’homme demeuraient: le temps n’est-il qu’un éternel retour des saisons ? comment l’homme doit-il vivre ? où mène l’histoire ? comment vaincre le mal ? …et la mort ?..
La manifestation de Jésus apportait la réponse aux grandes interrogations de la condition humaine. C’était lui le véritable “soleil de justice”. Car les pires ténèbres qui nous emprisonnent, ce sont nos fautes, nos aspirations qui sont restées insatisfaites, ces souffrances que nous avons infligées, cette culpabilité qui nous étreint, ces affections qui ont été piétinées, ces murs qui nous séparent les uns des autres. Nuit épaisse du péché, des actes manqués, des plaies ouvertes, des animosités, des conflits, des guerres.
Et voilà que, modeste et fragile à Bethléem, la présence du Sauveur, en dépit des persécutions, se répandait dans l’univers entier et y apportait la grande Lumière de la Vérité.
Dieu notre Sauveur a manifesté sa Bonté et sa tendresse pour les hommes: il nous a sauvés.
Il l’a fait dans sa miséricorde et non pas à cause d’actes méritoires que nous aurions accomplis par nous-mêmes
( Lettre à Tite, 3 – 2ème lecture de la messe de l’aurore)
Noël n’est pas une réponse théorique à nos problèmes, un discours lénifiant, une envolée théologique. Noël est un ACTE, un acte de Dieu. Dieu n’est pas un mythe, une puissance lointaine, un juge incorruptible, un Tout-Puissant vengeur pas plus qu’il n’est un saint Nicolas bonasse et distributeur de cadeaux. Le nouveau-né de Bethléem est la preuve que Dieu s’approche de nous, qu’il nous aime le premier, qu’il a projet de nous libérer de notre nuit horrible, de nous pardonner nos chutes, de nous guider vers la Lumière Infinie de son Amour infini
Venir comme un nouveau-né endormi sur la paille est le signe qu’il croit en nous: il espère nous changer non plus en nous dictant des lois mais en nous apprenant à aimer.
Car rien n’est plus fragile, plus exposé qu’un nouveau-né d’homme: laissé à lui-même il meurt.
L’enfant de Dieu nous dit: regarde-moi, veille sur moi. Ne me demande pas des cadeaux: je suis le cadeau.
Ne me laisse pas seul, parle-moi, accueille-moi dans ta vie, aide-moi à grandir dans ton cœur.
D’abord petite flamme silencieuse, ta foi deviendra clarté au milieu de tes brouillards, elle sera feu qui te réchauffera le cœur.
— Fort bien, mais comment retrouver cet événement qui s’éloigne de plus en plus dans le passé ?
Saint Luc, quand il écrit son évangile dans les années 80, nous met sur la piste.
Où est né Jésus ? A Bethléem, un nom qui signifie “maison-du-pain”.
Comment est-il ? “Emmailloté” (3 fois répété) comme plus tard, il sera un corps inerte, “enveloppé dans un linceul”( 23, 53) . Signe de sa déréliction, de la mort par laquelle il devra passer.
Mais à quel endroit est-il déposé ? Dans une crèche, c.à.d. une mangeoire.
LA COMMUNAUTE AUTOUR DE JESUS
On comprend pourquoi les premiers apôtres n’ont pas eu souci de garder mémoire d’une date. En se rendant à l’assemblée chrétienne, le 1er jour de la semaine, ils célébraient le Repas du Seigneur: chaque croyant tendait la main pour recevoir le morceau de Pain et sa paume ouverte devenait comme une crèche.
Plus besoin de pèlerinage vers une terre sainte lointaine: à Corinthe, à Rome, au cœur de la société païenne, de son idolâtrie et de son tintamarre, l’assemblée chrétienne devenait “la Maison-du-Pain”.
Oh, comme aujourd’hui, comme toujours, l’Eglise n’était pas brillante, elle n’avait rien d’une académie de gens parfaits. Mais comment était le premier groupe autour de Jésus ? Les bergers n’étaient pas les blondinets bouclés de nos cartes postales mais des adolescents pas très propres, parfois chapardeurs, méprisés par les pharisiens parce qu’ils n’étaient jamais en règle avec les lois. C’était des pauvres, mais pendant la nuit, ils veillaient, pour quelques sous, sur les troupeaux. Ils s’étaient déplacés, avaient reconnu le signe de Dieu à travers la pauvreté.
Il n’est pas besoin d’un ticket d’entrée ( propreté, bonnes manières, vertus) pour se présenter devant le Sauveur: il suffit de venir tel que l’on est, éveillé dans la nuit du monde, refusant l’opium d’une société de gaspillage.
ET MARIE ?…
Marie, cependant, retenait tous ces événements et les méditait dans son cœur.
A l’Annonciation, il lui avait été révélé que son enfant serait roi d’un royaume éternel et elle se retrouvait loin de chez elle, dans la nuit d’une étable, avec un berceau de paille !!! Quel contraste incompréhensible ! Le Messie qui survient à l’écart, dans le silence et la nuit, ignoré par la majorité.
Dieu vient chez nous de manière déconcertante: sa réalisation ne correspond pas à nos imaginations. Mais Marie sait en qui elle a mis sa confiance: elle s’est donnée pour toujours . Elle retient ces événements qu’il lui est donné de vivre et elle sait que la lumière se fera, que tout cela a un sens caché que Dieu lui découvrira un jour.
Notre société fête un Noël sans Jésus !! Et nous, comment allons-nous faire ?
* En imitant les Anges qui proclament la Bonne Nouvelle:
Aujourd’hui nous est apparu le Sauveur, grande joie pour tous
* En nous joignant à leur chœur: et en chantant
“Gloire à Dieu au plus haut des cieux et Paix sur terre aux hommes qu’il aime”.
* En suivant les pauvres bergers qui se sont mis en route et ont été remplis d’allégresse:
” Allons jusqu’à Bethléem pour voir…”… et il s’en retournèrent en rendant gloire à Dieu “.
• En imitant Marie qui gardait mémoire de tout et méditait en son cœur.
Au bout de la nuit, il n’y a pas de nuit mais l’aurore.
Au bout de l’hiver, il n’y a pas l’hiver mais le printemps.
Au bout de la mort, il n’y a pas la mort mais la Vie.
Au bout du désespoir, il n’y a pas le désespoir mais l’espérance.
Au bout de l’humanité, Il n’y a pas l’homme, mais l’HOMME-DIEU.
( Joseph Folliet )
A vous tous avec qui j’ai la joie de partager la Parole de Lumière et de Vie chaque semaine,
Joyeux Noël.
Que l’Emmanuel soit notre vraie Lumière dans la nuit de nos détresses.
Découvrons-le à nouveau, émerveillons-nous de sa Présence
et proclamons la Bonne Nouvelle dans la Joie.
En cette nuit de Noël, nous nous sentons appelés à devenir meilleurs. Demandons au Seigneur d’ouvrir notre cœur à tous nos frères et sœurs de la terre.
R/ Dieu avec nous, exauce-nous
On proclame son nom: Prince-de-le-Paix. Pour les peuples en guerre et spécialement pour les habitants de Bethléem et des environs, prions le Seigneur. R/
Il n’y avait pas de place pour eux dans la salle commune. Pour les personnes qui vivent dans les ténèbres de la solitude, du deuil et de la maladie, prions le Seigneur. R/
Je viens vous annoncer une bonne nouvelle. Pour toutes les communautés chrétiennes qui, à travers le monde célèbre ce soir la naissance de leur Sauveur, prions le Seigneur. R/
Et voici le signe qui vous est donné. Pour toutes les personnes de bonne volonté qui cherchent ta présence dans leur vie, prions le Seigneur. R/
Jesus-Christ s’est donné pour faire de nous son peuple, un peuple ardent à faire le bien. Pour nous toutes et tous qui sommes appelés à ne pas nous contenter de mots mais à témoigner de l’amour de Dieu en passant aux actes, prions le Seigneur. R/
Seigneur, depuis que ton Fils Jésus a voulu naître chez nous, nous savons que nos efforts pour bâtir un monde meilleur ne seront pas vains. Exauce-nous, rends nos cœurs accueillants à sa présence et à sa parole pour que sa vie grandisse en nous. Nous te le demandons par Jésus, ton Fils et notre frère pour les siècles des siècles.
AMEN
Pour fêter l’incarnation du Seigneur, chaque année, la liturgie catholique nous offre quatre passages de l’Évangile. Cette année, comme Noël tombe un vendredi, il est suivi par le dimanche de la Sainte Famille. Parcourons ce chemin en entier et laissons ces textes se dérouler en cinq partitions pour un même mystère.
1. La veille : Continuité, rupture, nouveauté.
À l’image de la création, l’avènement de Jésus est quelque chose de complètement neuf. « Voici la table des origines de Jésus Christ, fils de David, fils d’Abraham… » C’est une origine… Et cela se retrouve à la fin de la généalogie car il est dit que « Jacob engendra Joseph l’époux de Marie, de laquelle est engendré Jésus celui qui est appelé Christ » (Mathieu 1, 16).
La formule sert à dire une rupture. Jésus naît dans la foi d’Abraham, il naît dans la lignée du Messie, au creuset d’une humanité qui n’est pas en tout glorieuse, loin s’en faut. Mais la nouveauté inouïe est cet enfant né à partir de rien, puisqu’il n’y a pas d’homme qui l’a conçu. Il ne sera fils de Joseph que par adoption. Noël nous fait reconnaître que Dieu seul peut faire du neuf. En Jésus-Christ est la nouveauté. Joseph n’en est pas le père comme celui qui l’a conçu, mais comme celui qui l’a reçu. Cet enfant né d’une vierge est l’irruption d’une nouvelle création. Noël est la fête de l’abyssal. L’infini a pu se rendre petit ; Dieu s’est fait enfant.
2. La nuit : une naissance encombrante.
A Noël hélas, beaucoup de gens souffrent d’un lancinant sentiment de solitude. L’évangile de la nuit indique qu’il n’y avait pas de place dans la salle commune pour accueillir celle qui allait enfanter. Noël voit se tendre en nous ce tiraillement entre l’exigence d’accueillir les plus démunis (SDF, les sans papiers) et la grande difficulté d’y parvenir.
Mais, s’il n’y a pas de place lorsque Jésus va naître, c’est peut-être aussi que cette naissance a quelque chose d’encombrant. En fait, s’il est difficile de laisser de la place à cette naissance, c’est que le couple de Marie et Joseph va mettre au monde un petit enfant, certes, mais qui, en un sens, est bien encombrant. Ne vont-ils pas devoir fuir à cause de lui tandis qu’Hérode tuera des innocents.
Dans sa mangeoire, cet enfant ne prend pas de place ; Dieu s’est fait petit. Mais dans la vie de l’humanité et pour chacun, nous nous rendons compte qu’il va en prendre beaucoup si nous voulons être des croyants sérieux. Il va habiter notre prière, nous questionner sur le sens de la vie, nous interroger sur notre manière d’aimer.
Avec Noël, le désir nous prend d’essayer de faire de la place pour que Dieu puisse être accueilli, avec son cortège d’anges, mais aussi de gens délaissés et parfois déroutants, avec son lot d’événements inattendus et encore inconnus. Fêter Noël, c’est être dans ce paradoxe de tenir sa place (car chacun de nous a son lot de responsabilités humaines), et en même temps s’effacer, pour que ce qui est nouveau puisse toujours faire irruption au fond de toute nuit.
3. L’aurore : Marie conservait toutes ces choses.
Il n’est pas rare que des gens disent leur malaise devant l’explosion des illuminations commerciales avant la fête de Noël. Pour beaucoup, Noël est un émerveillement qu’on laisse monter tout au long de l’avent, mais pour bien d’autres, c’est une incapacité à entrer dans une joie qui s’offre. Entre deux « Il est né le divin Enfant » et avant de faire bonne chère, nous nous demandons peut-être si nous sommes en accord avec la joie des anges qui chantent la naissance de l’enfant qu’ils appellent « Sauveur ».
On entend à l’aurore de la fête de Noël que « Marie conservait tout cela dont elle entendait parler » (Luc 2, 19). On peut tenter de dire qu’elle « retenait tous ces événements en en cherchant le sens ». Cette attitude nous rappelle qu’il y a un sens à chercher à l’écho de tant de plaintes et d’espoirs qui retentissent dans les médias, mais sans aller trop vite.
Marie, elle, retenait tous les événements. Elle n’en bavardait pas… Et « la Parole s’est faite chair », dit l’évangile de la messe du jour de Noël. La Parole s’expose à l’expérience de la vie et à la croissance d’un enfant qui va grandir. La Parole s’est faite chair sous le visage d’un nouveau-né. La Parole ne parle pas tout de suite, pour pouvoir dire bien plus de choses, et pour pouvoir les dire bien plus profondément.
4. Jour de Noël : La Parole en échec (Jean 1, 10).
La Bible s’ouvre sur la contemplation de Dieu qui crée par sa Parole. Au cœur de la création, il y a la Parole. Tant d’hommes souffrent de ne pas oser ou de ne pas pouvoir parler. Bien des gens sont détruits de n’avoir pas su parler à leur proches au moment où se creusait une difficulté.
La Parole, elle, « demeurera parmi nous ». Forte et fragile. Grande et humble. Cette Parole qui était « au commencement », qui « était Dieu », et qui « s’est faite chair ». Elle est Parole de notre Dieu, et celle de l’homme la prolongera.
La Parole demeurera, même cachée dans la miséricorde, dans la tourmente, dans le silence et dans l’absence. Même dans la mort sur la croix. Et si l’on croise les évangiles de la nuit et du jour de Noël, le nouveau-né de saint Luc, dans la mangeoire, nous fera dire que la Parole de Dieu est venue comme un enfant, qui, selon l’étymologie, est celui qui ne parle pas. Quel paradoxe que celui de « la Parole qui ne parle pas », disait saint Bernard de Clairvaux. Oui, la Parole « demeurera parmi nous », parce que la Parole s’est faite chair, d’une fragilité qui est la nôtre et qui nous donne alors de voir et de dire l’invisible.
Noël est la fête de naissance de la Parole dans notre monde en déroute, la Parole faite chair qui traverse l’échec..
5. Sainte Famille : « comme nous avons souffert… »
Je vous disais il y huit jours qu’il n’est rien de nos épreuves que Marie n’ait connu avant nous et qu’elle ne puisse donc doucement partager avec nous. Certes, aujourd’hui, à douze ans, les peurs des parents se situeraient sans doute plus du côté de la première cigarette de canabis que de la fréquentation de l’église ! N’empêche que la première parole de Jésus que nous connaissions, et qui est le centre de ce récit, est bien rude.
A la question de sa mère : « Mon enfant, pourquoi nous as-tu fait cela ? », Jésus se dit l’enfant d’un autre ! Il affirme que Dieu est son vrai père : « C’est chez mon Père que je dois être. » Marie et Joseph sont stupéfaits. Ils ne comprennent pas. Il y a un abîme entre leur façon d’être parents et la façon unique dont Dieu est le père de Jésus. « C’est chez mon Père que je dois être… »
Ce mot « je dois » reviendra souvent dans la bouche de Jésus quand il parlera de sa passion : « Il faut que… » Il doit être à la disposition du Père, d’une obéissance libre, voulue, aimante.
Puis le rideau tombe. Jésus et ses parents rentrent à Nazareth. Et Jésus leur est soumis. Lui, l’égal du Père, se soumet. On n’entendra plus rien de lui pendant près de vingt ans. Mais il grandissait ! En quoi ? En sagesse (celle de l’Esprit Saint qui l’habite), en taille et en grâce.
Marie, elle, garde dans son cœur tous ces événements. Une fois de plus, la foi a été mise à l’épreuve. Elle entend les annonces les plus surprenantes (à l’annonciation, à la présentation de Jésus au temple, lors de sa fugue à douze ans) et en même temps elle mène avec son enfant la vie qui est celle de toute mère de famille.
Nous voilà loin d’une famille idéale ! La « sainte famille » connaît des incompréhensions, des reproches, des déchirures : « Pourquoi ? Vois comme nous avons souffert… Ne saviez-vous pas ? » Mais c’est bien ainsi que la famille de Nazareth est pour nous un modèle qui doit nous encourager : c’est une famille comme une autre, avec ses hauts et ses bas ; c’est une « sainte famille », comme sont appelées à l’être chacune des nôtres unies, mais aussi déchirées, et souvent recomposées, car à chaque instant elles peuvent se laisser visiter par le pardon la grâce.
Avec l’aimable autorisation de kerit.be
Noël ! La naissance du Sauveur des hommes ! Cet événement, que nous
fêtons aujourd’hui, a eu lieu il y a deux mille ans : nous en avons la
preuve historique, car il eut lieu lors d’un recensement ordonné par
l’empereur romain de l’époque, César Auguste. Loin de moi de vouloir
vous présenter en ce jour une recherche historique concernant l’année
exacte, ainsi que le mois et le jour précis auxquels le Sauveur des
hommes est venu en ce monde. Qu’il me suffise de croire avec vous,
avec la terre entière, que Jésus est né aujourd’hui, 25 décembre, il y
a exactement 2001 ans. Car toutes les recherches scientifiques que
l’on puisse faire à ce sujet ne mèneront jamais qu’à une probabilité,
toujours inférieure à la certitude offerte par la tradition
multiséculaire de l’Eglise, et même du monde entier…
Dans tous les pays d’origine chrétienne, on fête Noël aujourd’hui,
sauf parmi les chrétiens orthodoxes, qui fêtent Noël le 6 janvier.
Mais les uns comme les autres suivent une tradition, ni plus ni moins.
D’ailleurs, quelle plus beau mot pourrait caractériser cette fête de
la Nativité du Seigneur sinon celui de “tradition” ? Ce mot, en
effet, vient du latin “tradere”, ce qui siginifie “transmettre”. Or,
en ce jour, Dieu nous donne et nous transmet son Fils, sa Parole
incarnée, par Marie ! En ce jour, nous fêtons non seulement le Christ
médiateur mais aussi Marie médiatrice de la Grâce des grâces : le
Verbe incarné ! Et là encore, nous retrouvons le terme “tradition”,
car ce que la Sainte Ecriture affirme du Christ, la tradition
l’affirme et le croit de Marie : la Mère de Dieu est Médiatrice dans
l’unique Médiateur, qui est le Christ !
Lorsque Jésus naît, il vient faire partie de cette famille composée de
Joseph et de Marie. Ils sont désormais trois, tout comme il y a trois
personnes divines dans la Très Sainte Trinité. Mais parmi ces trois
personnes humaines, il y en a une qui tient la place intermédiaire
entre les deux autres : Marie se trouve entre Jésus et Joseph, car
c’est d’elle que Joseph reçoit l’Enfant-Jésus dans ses bras au moment
de la naissance du Sauveur. C’est en ce sens, pleinement humain, que
Marie est la Médiatrice de la grâce des grâces, c’est en ce sens
qu’une simple personne humaine sert à transmettre le Salut de Dieu à
une autre personne humaine ! En cette nuit bénie entre toutes, la
Vierge Marie, devenue mystiquement Epouse de l’Esprit-Saint au moment
de l’Incarnation, est élevée à la plus haute dignité qui soit : celle
de donner au monde, en la personne de son époux humain Joseph, le
Salut et la Rédemption éternelle !
Il n’y a qu’un seul Médiateur, le Christ, tout comme il n’y a qu’un
seul Dieu : “Il n’y a qu’un seul Dieu, et qu’un seul médiateur entre
Dieu et les hommes, le Christ Jésus…” (1 Tim. 2, 5). Ainsi, par
comparaison et par analogie, les trois personnes de Jésus, de Marie,
et de Joseph, ne sont qu’un seul médiateur, et non pas trois, tout
comme les trois personnes divines sont un seul Dieu, et non pas trois.
Chacun, à sa façon, est médiateur : le Christ, en tant que Dieu et
Image du Père ; Marie, en tant que Mère de Dieu et Epouse de
l’Esprit-Saint ; Joseph, en tant que croyant et époux humain de Marie.
Car Joseph, lui aussi, est appelé à être médiateur dans le Christ
Jésus : à l’image de Marie, toute l’Eglise est médiatrice dans le
Christ ! Tous trois forment un unique Corps médiateur de la grâce
divine : dans le Christ, et par Marie, l’Eglise est “le sacrement
universel du salut” (Concile Vatican II, Constitution dogmatique
“Lumen gentium”, n. 48) !
Qu’en cette nuit bénie, tous nous recevions le Salut en
Jésus-Eucharistie, par Marie, Epouse mystique de l’Esprit-Saint, et
épouse virginale de Joseph !
Chanoine Dr. Daniel Meynen
http://meynen.homily-service.net/